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Le four a pain

A l'époque fédale, les seigneurs jouissaient du droit d'obliger leurs sujets à utiliser leurs fours, leurs moulins, leurs pressoirs, etc ... sous peine de "mise au ban", c'est-a-dire d'amendes. On a gardé le terme de four banal pour désigner le four communal.

Le four banal de Renges a été édifié aux environs de 1700. Il fait partie d'un ensemble formé également d'une remise a bois et d'un dépôt dans la partie ouest ainsi que d'un pressoir dans la partie est.

Reconstruit en partie en 1886, le four est en briques réfractaires, matériau plus résistant que la molasse dont étaient faits les anciens fours du pays. La composition des argiles propres à la fabrication de telles briques est assez rare en Suisse : terre riche en alumine et en silice, à laquelle on incorpore des dégraissants comme la chamotte ou l'argile calcine, et terre pauvre en composés ferrugineux.

La construction du four de Renges réunit la plupart des caractéristiques traditionnelles requises :

  • Etre protégé des intempéries et des phénomènes de capillarité par le sol;
  • Etre isolé thermiquement : les matériaux - pierre, brique, limon et sable de rivière - constituant la coupole ou la voûte et la "sole" (sol oú l'on pose les marchandises à cuire) doivent être épais (15-30 cm);
  • L'évacuation de la fumée doit se faire par la hotte de la cheminée : un ou deux conduits, "ouras" ou "soupiroirs" de 15 à 30 cm prenant naissance au fond de la coupole, y conduisent;
  • La gueule du four doit donner sur une tablette saillante en pierre, l'"autel", situé à une hauteur de travail d'environ 90 cm;
  • Le "cendrier", niche à braises et à cendres chaudes réservée à la cuisson des aliments, doit se trouver sous l'autel. Des dispositifs de fermeture ou étouffoirs doivent permettre d'éteindre rapidement les braises pour faire le charbon de bois necessaire aux fers a repasser et aux chaufferettes.

En plus de ces caractéristiques traditionnelles, le four de Renges bénéficie, à proximité de la gueule, d'une niche hémisphérique pour accueillir le chaudron à "raisiné", épais jus de pomme ou de poire que l'on étale sur des tartes. Le foyer à même le sol évacue les fumées directement dans la hotte de la cheminée.

A Renges encore, le fournier, grâce au "craisu", lampe à huile nichée dans un creux qui fait face au chaudron, voit un peu plus clair pendant la nuit. La construction du four est extrêmement ramassée afin de permettre une exploitation maximale de la chaleur. Quant a l'utilisation du four, elle se déroule de la manière suivante : l'âtre est chauffé pendant plusieurs jours jusqu'à l'obtention d'une température d'environ 300°. On y enfourne d'abord les gâteaux, puis le pain, les tresses et les taillés levés. Puis c'est le tour des pâtes à la viande, des fruits et des légumes qu'on veut sécher, des bocaux à stériliser, etc. ..., au fur et à mesure que la température descend. Quelquefois, lors de fêtes au village, on utilisait le four pour rôtir les agneaux et les cochons de lait.

Constructions rurales du Canton de Vaud
Illustrations d'une étude en architecture ( I I )
Frédéric Aubry, Mario Bevilacqua
Département d'architecture Ecole polytechnique fédérale

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